Dans un contexte de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’adaptation au changement climatique, le stockage de carbone dans les sols joue un rôle clé. En effet, les sols agricoles et forestiers ont la particularité d’être capables de séquestrer le carbone sous une forme biogénique.
Qu’est-ce que la séquestration carbone ?
La séquestration carbone implique 2 processus : celui d’absorption de CO2 atmosphérique par les plantes et celui de stockage du carbone dans la matière organique du sol. En effet, une plante absorbe du carbone via la photosynthèse. Lorsqu’elle se décompose dans le sol, elle lui restitue son carbone sous forme de matière organique.
Grâce à cette interaction plante-sol, le sol constitue un puissant puit de carbone. Avec un réservoir de 1500 milliards de tonnes de carbone, le potentiel de stockage des sols mondiaux est considérable.
Comment fonctionne le stockage de carbone dans les sols ?
La matière organique est la principale forme de stockage du carbone dans les sols. Elle se compose de plantes et de micro-organismes morts. Dans les sols agricoles, elle peut être enrichie par les résidus de culture et la fertilisation organique.
La teneur souhaitable d’un sol agricole en matière organique est comprise entre 2 et 3% en fonction de la texture de ce sol.
Une fois au sol, la matière organique est décomposée et minéralisée par des organismes décomposeurs comme les champignons, les bactéries ou encore les vers de terre.
La minéralisation consiste en la transformation des matières organiques en matières minérales, autrement dit en méthane (CH4), dioxyde de carbone (CO2), eau et nutriments.
À la suite de cette minéralisation, cette matière minérale est ensuite relâchée dans l’atmosphère. Toute matière organique étant vouée à être minéralisée, Le stockage permanent du carbone organique dans les sols est donc empêché. La durée de stockage, en moyenne, n’excède pas quelques décennies.
Quel est l’intérêt du stockage de carbone ?
Pour rappel, les Accords de Paris de 2015, ont fixé l’objectif de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale en dessous de 1,5°C.
Dans cette optique, les principales organisations mondiales se sont engagées à atteindre d’ici 2050 le zéro émission nette. Autrement dit, les émissions de GES seraient compensées par leur capture via des puits de carbone.
En piégeant le carbone atmosphérique, les sols jouent donc un rôle déterminant dans la réduction des émissions de GES. Plus le stockage de carbone dans les sols est important, plus la quantité de CO2 dans l’atmosphère est faible.
Comment augmenter le stockage de carbone dans le sol ?
Les techniques agronomiques comme l’agroforesterie ou la mise en place de cultures intermédiaires peuvent contribuer à augmenter le stockage de carbone dans les sols.
L’agroforesterie consiste à insérer des arbres dans les parcelles de grandes cultures.
Cependant, certaines pratiques peuvent affecter la qualité des sols et en dégrader les stocks de carbone. Par exemple : l’urbanisation de terres cultivables, l’intensification des modes de production, le changement d’affectation des sols par la mise en culture d’une prairie, ou encore des prélèvements excessifs et non raisonnés de biomasse.
Certaines autres pratiques peuvent être déstockantes comme le labour profond ou l’exportation des résidus de culture.
Comment se positionne la France en termes de séquestration carbone ?
La France est pionnière dans la promotion de la séquestration carbone dans les sols comme solution face au changement climatique.
Elle porte, par exemple, l’initiative 4 pour 1000 lancée en 2015 lors de la COP21. Cela consiste à compenser l’ensemble des émissions annuelles dues aux activités humaines, qui représentent actuellement 4 millièmes du stock de carbone des sols de la planète, en augmentant chaque année de 0,4% les taux de carbone dans les sols.
Les sols constituent donc un levier fondamental qu’il est nécessaire d’intégrer dans les stratégies d’atténuation du changement climatique. Augmenter le stock de carbone dans les sols signifie réduire la quantité de GES dans l’atmosphère.
Les agriculteurs sont donc des acteurs clés de la gestion du stock de carbone dans les sols, notamment en favorisant ou non l’apport de matière organique et le couvert végétal sur leur exploitation.
Florine Maugerard
Chargée de projet agriculture